Mes années « Alpha ».
Un jour d'avril 1982, une affiche apposée à la Maison de la Presse attira mon attention : « L'Association Alphabétisation Longjumeau recherche des formateurs ». Je pris contact aussitôt avec la responsable et une semaine plus tard j'assistais à ma première réunion. Une formatrice quittait l'Association et s'installait dans une autre région. Elle devait être remplacée.
Je participai à quelques cours. Je fus bien accueillie par l'équipe très sympathique. L'ambiance était conviviale. Je décidai donc de faire partie de cette association.
Les cours avaient lieu à cette époque deux après-midis par semaine, dans les sous-sols des grands ensembles de Longjumeau. Les locaux n'étaient pas très accueillants. Puis le Centre Social, où nous sommes actuellement, fut ouvert et deux salles au premier étage nous furent attribuées. L'environnement était déjà plus agréable !
Au début les stagiaires travaillaient sur des pupitres d'écolier en bois, pas très confortables pour des adultes. Nous n'avions que très peu de livres dont « Lire la Ville », une seule armoire de rangement, et un tableau noir. Il fallait créer nos propres documents. Ce qui demandait beaucoup de préparation.
Puis en 1988 nous avons commencé à travailler avec le Greta de Massy. Nous avons alors participé aux stages mis en place par l'ANPE pour les demandeurs d'emploi de longue durée. Grâce aux différentes subventions nous avons pu acquérir du nouveau mobilier. Nous avons acheté des tables et des chaises et plusieurs livres. Chaque année nous investissions dans du nouveau matériel : meubles de rangement, achat de tableaux feutre et surtout l'acquisition d'un photocopieur qui nous a simplifié les préparations de cours. Nous avons demandé une ligne téléphonique. Les ordinateurs ont été achetés bien plus tard.
Nous avions 2 niveaux :
- le premier niveau pour les stagiaires qui n'avaient jamais été scolarisés ou très peu, et les non-communicants. J'ai longtemps assuré ce niveau. Il y avait une très bonne entente dans ce groupe et une entraide parmi les apprenants. Les plus avancés tiraient les débutants vers le haut.
- le second niveau pour les stagiaires qui avaient été scolarisés dans leur pays d'origine.
Les deux niveaux avaient cours les mêmes jours, deux après-midis par semaine. Nous faisions une pause de vingt minutes, et réunissions les deux groupes dans une même salle. C'était un moment privilégié où nous partagions thé, petits gâteaux et où chacun apprenait à connaître l'autre. Un formateur assurait les cours du soir pour tous les niveaux.
Les premières années nous étions une dizaine de formateurs. Puis une année, après de nombreux départs, nous nous sommes retrouvés à trois. Deux formateurs donnaient alors les cours les deux après-midis. Les cours du soir avaient toujours lieu une fois par semaine.
Puis nous avons eu ensuite un cours d'oral le matin, et même un cours de vie pratique où tous les stagiaires se retrouvaient dans une même salle, et où tous les sujets étaient abordés suivant les souhaits de chacun. Nous étions deux formatrices pour intervenir. Nous étions plus disponibles pour les écouter et essayer de répondre à leur demande.
Nous avons eu plusieurs journées de formation avec des thèmes différents, parfois dans nos locaux et d'autres fois à l'extérieur, à Paris, Mantes-la-Jolie, etc ...
Nous faisions des sorties chaque année : zoo de Beauval, Etretat, Dieppe, Thoiry, Le Mont
St-Michel, Disneyland, le château de Chenonceaux … Ces journées étaient appréciées de tous.
La fête de noël avait lieu dans nos locaux. Chaque année nous réservions une salle pour organiser des repas (Anne Franck, Manouchian …). Nous avons ainsi goûté aux cuisines de différents pays et assister à la démonstration de danses et à l'audition de chants traditionnels. Les costumes étaient colorés. L'ambiance était chaleureuse.
Les stagiaires nous faisaient participer parfois à leurs fêtes familiales. Nous nous sommes réjouis avec eux des naissances, des mariages , des anniversaires, etc. Nous avons aussi partagé leurs peines et leurs difficultés.
Nous les avons écoutés et essayé de répondre à ce qu'ils attendaient de nous.
Une stagiaire m'a confié : « Avant je ne savais pas lire. J'avais un rideau devant les yeux. Puis le rideau s'est ouvert. Maintenant j'ai hâte de découvrir ».
Nous avons eu des stagiaires de tous les âges, des retraités, des jeunes en fin de scolarité. Des personnes étaient envoyées à l'Alphabétisation par leur employeur. De nombreuses nationalités étaient représentées.
Quelle fierté pour eux, lorsque aujourd'hui, ils peuvent lire leur courrier, le journal et les panneaux d'affichage, se déplacer dans les transports en commun, faire leurs courses. Plusieurs ont retrouvé un travail et réussi des examens et concours.
Quelle satisfaction pour nous !
Je peux dire que ces années passées à l'Alpha m'ont apporté beaucoup.
Plusieurs anciens formateurs sont aujourd'hui partis en province. Je continue toujours à avoir des contacts avec certains et nous évoquons nos journées passées à l'association. Je vois souvent des anciens stagiaires au marché ou dans les rues de la ville. Ces rencontres sont toujours un plaisir. Comment oublier ce que nous avons partagé ? Des liens se sont forcément créés !
C'est une si belle aventure ! Qu'elle continue encore longtemps !
Merci aux stagiaires et aux formateurs pour tout ce que nous avons vécu ensemble toutes ces années !
Jacqueline.
Mise à jour : 06/11/2024